
La paracha de cette semaine revient en détail sur l’épisode des explorateurs envoyés par Moshé Rabénou pour observer la Terre d’Israël et évaluer les modalités de sa conquête.
La Torah dit : « Envoie pour toi des hommes, et ils exploreront la terre de Kena‘an ».
Notre maître Rachi commente : « Envoie pour toi, c’est-à-dire selon ton avis. Moi [Hashem], Je ne te donne pas d’ordre ; si tu veux, tu peux les envoyer ».
Cela appelle réflexion. D’un côté, Hakadosh Baroukh Hou donne à Moshé Rabénou la permission d’envoyer des explorateurs ; mais d’un autre côté, Il ne le lui ordonne pas explicitement. Si cette initiative constituait une hishtadlout (démarche d’effort humain) souhaitable, pourquoi ne pas avoir reçu un ordre clair de la part d’Hashem ? Et si au contraire cette initiative n’était pas recommandée, pourquoi lui avoir permis de le faire ?
En réalité, l’envoi des explorateurs n’était pas nécessaire. Puisqu’Hakadosh Baroukh Hou avait promis au peuple d’Israël qu’Il leur donnerait la terre, ils auraient pu s’appuyer sur cette promesse avec une émouna et un bita’hon complets, sans qu’il soit besoin d’envoyer des explorateurs.
Mais en pratique, tout dépendait du niveau de confiance du peuple. Si les Bnei Yisrael avaient eu une pleine confiance en Hashem, ils auraient pu conquérir la terre sans explorateurs, dans une démarche de confiance absolue. En revanche, s’ils n’étaient pas à ce niveau de bita’hon, alors il fallait recourir à des moyens naturels, comme l’envoi d’explorateurs, pour réussir dans la conquête.
C’est là un principe fondamental dans la conduite d’Hakadosh Baroukh Hou envers l’homme : l’aide qu’Il envoie du Ciel est proportionnelle à la confiance que l’homme place en Lui. Comme il est dit dans Téhilim (33, 22) : « Que ta bonté, Hashem, soit sur nous, comme nous avons espéré en Toi ». Le ‘hessed d’Hashem se déverse sur l’homme en fonction de son bita’hon.
Ainsi expliquait aussi notre maître le Rav de Brisk sur le verset des Téhilim (37, 4) : « Délecte-toi en Hashem, et Il exaucera les désirs de ton cœur » : si le bita’hon de l’homme atteint un tel degré qu’il en ressent même un plaisir à s’en remettre à Hashem, alors Hakadosh Baroukh Hou lui accordera tout ce que son cœur désire.
C’est cela le sens de notre verset : « Envoie pour toi ». Hashem laissa le choix à Moshé Rabénou d’évaluer si, selon le niveau de bita’hon du peuple, l’envoi d’explorateurs était ou non nécessaire. Moshé comprit que le peuple ne faisait pas suffisamment confiance à Hashem, et qu’à leur niveau, l’envoi d’explorateurs était justifié.
C’est pourquoi les Sages enseignent que « Si les Bnei Yisrael n’avaient pas envoyé les explorateurs, ils n’auraient même pas eu besoin d’armes pour conquérir la terre ».
Car s’ils avaient pleinement fait confiance à Hashem pour leur livrer la terre sans recourir à des stratégies militaires naturelles, Hashem leur aurait accordé une aide surnaturelle, et la conquête se serait faite sans combat ni épée. Mais puisqu’ils ne s’en sont pas remis totalement à Lui, et qu’ils ont voulu s’appuyer sur des moyens naturels – en envoyant des explorateurs – Hashem les a traités selon cette mesure, et la conquête ne s’est réalisée qu’avec l’aide de tactiques militaires et d’armement.
C’est là un fondement essentiel dans la vie de l’homme : celui qui place véritablement sa confiance en Hakadosh Baroukh Hou mérite que ce dernier soit pour lui un véritable soutien, comme il est dit « Baroukh ha-géver asher yivtaḥ baHashem, vehaya Hashem mivta’ho – Béni soit l’homme qui se confie en Hashem ; Hashem sera son appui ».
Mais celui qui ne se confie pas en Hashem, et s’en remet à ses propres forces ou à celles de ses amis et proches, ne reçoit pas d’aide divine spécifique. Hashem le laisse alors sous l’emprise des lois naturelles, et il est livré à ceux en qui il a placé sa confiance. Le ‘Hovot ha-Levavot développe longuement cette idée : plus l’homme s’appuie sur Hashem, plus Hashem le soutient ; et plus il compte sur autre chose, plus il s’éloigne du secours divin.
Cette vérité éternelle s’est manifestée récemment, lorsque le Am Israël fut témoin du miracle immense lors de l’attaque surprise menée contre l’Iran : au moment même où les avions prenaient leur envol, les dirigeants récitaient des Téhilim avec ferveur – et par le mérite de ce bita’hon authentique et de ces prières sincères, Hashem envoya une yeshoua manifeste au-delà des lois naturelles !