Kora’h 5785 – n°459

Dans la parasha de cette semaine, la Torah nous relate la révolte de Kora’h. Il est écrit :
« Moshé se leva et alla vers Datan et Aviram ». En effet, Moshé Rabénou tenta d’apaiser les esprits à tout prix.

La Guémara enseigne à partir de ce verset : « Rèsh Lakish dit : d’ici nous apprenons qu’il ne faut pas maintenir un conflit, comme il est dit : “Et Moshé se leva et alla vers Datan et Aviram”. Et Rav ajoute : quiconque entretient un conflit transgresse un interdit de la Torah, comme il est dit : “Et il ne sera pas comme Kora’h et son assemblée” ».

Notre maître Rachi commente : « D’ici nous apprenons qu’il ne faut pas maintenir une querelle, car Moshé renonça à son honneur et alla lui-même tenter d’apaiser le conflit. »

Il ressort de la Guémara un enseignement étonnant et d’une profondeur exceptionnelle : si Moshé Rabénou n’avait pas lui-même pris l’initiative d’aller voir Datan et Aviram pour tenter de désamorcer la querelle, il aurait été considéré – ‘has véshalom – comme “entretenant une querelle”, et aurait transgressé l’interdit de “lo iyé kéKora’h véadato – il ne sera pas comme Kora’h et son assemblée”.

Pourtant, Moshé n’était nullement à l’origine de la querelle. C’est Kora’h qui initia le conflit, défiant ouvertement l’autorité de Moshé et semant la discorde. Datan et Aviram refusèrent même de répondre à son appel, lui lançant avec une insolence effarante : “Même si tu nous crèves les yeux, nous ne monterons pas !”. Malgré tout cela, Moshé Rabénou dut s’abaisser et se rendre en personne chez eux, pour tenter de les apaiser et éviter la division.

C’est précisément ce que souligne la Guémara : même lorsqu’on est entièrement dans son droit, même quand l’autre est à l’origine du conflit et s’exprime avec arrogance, il est interdit de rester passif. Tant qu’il est possible d’agir pour apaiser les tensions, ne pas le faire revient à entretenir la querelle. L’homme de Torah et de paix est celui qui est prêt à s’effacer, à renoncer à son kavod personnel, pour préserver l’unité d’Israël.

Quel enseignement puissant pour notre époque, où les désaccords, même pour des sujets importants, peuvent si vite dégénérer en conflits durables. Nous voyons ici la grandeur de Moshé Rabénou : sa capacité à dépasser son ego, à se lever et aller – vers ceux-là même qui l’insultaient – dans le seul but d’éteindre la discorde.

Qu’Hakadosh Baroukh Hou nous donne à tous le mérite de suivre cet exemple, de fuir toute forme de ma’hloket, et de toujours rechercher la paix, même – et surtout – lorsqu’elle demande un renoncement personnel.

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