
Dans notre paracha, il est écrit : « Tu prêteras de l’argent à mon peuple, au pauvre qui est avec toi ».
Rashi enseigne : « Au pauvre qui est avec toi – regarde-toi comme si tu étais le pauvre ».
Une question évidente se pose : comment un riche peut-il se considérer lui-même comme un pauvre, alors qu’il sait bien la réalité, à savoir qu’il est riche et non pauvre ?
L’explication est la suivante : lorsqu’un riche comprend que sa richesse ne lui appartient pas vraiment, mais que tout vient d’HaKadosh Baroukh Hou, et qu’il réalise qu’Il lui a confié ses biens afin de l’éprouver avec l’épreuve de la richesse, alors il ressentira en vérité qu’il n’y a aucune différence entre lui et le pauvre.
Car tous deux ont reçu une mission et une épreuve de la part d’Hashem concernant l’argent : l’un avec l’épreuve de la pauvreté, et l’autre avec l’épreuve de la richesse. Ainsi, l’argent qui se trouve entre ses mains ne lui appartient pas vraiment, mais il lui a été confié comme un dépôt afin qu’il accomplisse les mitsvot de la tsédaka et autres bonnes actions. Grâce à cela, il se considérera comme un pauvre lui-même et, naturellement, il traitera le pauvre avec respect, en lui adressant également des paroles de réconfort et d’encouragement, sans jamais agir envers lui avec mépris, has véShalom.
Notre maître le Alshikh a donné une autre explication sur l’expression « au pauvre qui est avec toi » : cette phrase vient rappeler à l’homme que lorsqu’il donne la charité, il ne doit pas s’imaginer qu’il « donne » quelque chose qui lui appartient. Bien au contraire, « au pauvre qui est avec toi », c’est-à-dire que l’argent du pauvre est déjà en ta possession. Cet argent est en réalité sa part, mais Hakadosh Baroukh Hou l’a placé entre les mains du riche afin qu’il le distribue en tsédaka !
Le Alshikh ajoute un autre point extraordinaire : il est expliqué dans la Guémara que lorsqu’un homme écrit dans un contrat que tous ses biens reviennent à l’un de ses fils, cela ne signifie pas nécessairement qu’il veut le lui donner en cadeau, mais plutôt qu’il souhaite en faire son administrateur. Car il est évident qu’un père ne voudrait pas déshériter tous ses autres enfants et donner tous ses biens à un seul. De la même manière, Hashem ne pourrait pas avoir voulu accorder une immense richesse uniquement à quelques Juifs et laisser ses autres enfants sans rien, pauvres et démunis de toute fortune. Il est donc nécessaire de conclure qu’Hakadosh Baroukh Hou n’a pas voulu autre chose que de désigner les riches comme administrateurs de l’argent, afin qu’ils veillent à redistribuer les biens qui leur ont été confiés aux nécessiteux.