Chémot 5777 – n°219

Notre maître le Hafets Haïm

Nous commençons cette semaine le livre de Chémot, qui raconte l’exil des Bné Israël en Egypte. Après avoir été destitué de son trône par son propre peuple, Pharaon accepta finalement de s’attaquer à la menace que constitua aux yeux des égyptiens l’accroissement démographique extraordinaire du peuple juif. Le Midrash raconte en effet qu’à chaque grossesse naissaient six bébés. Selon un autre avis, c’étaient douze bébés par grossesse !

Pharaon publia alors son premier décret : il fallait jeter dans le Nil et tuer chaque nouveau-né mâle ! Ceci avait pour but de les empêcher de se reproduire et également de les marquer psychologiquement.

Ceci fonctionna puisqu’Amram se sépara de sa femme Yokhévèd. En effet, il se dit : « à quoi bon enfanter, puisqu’en cas de naissance d’un garçon, on tuera le bébé !?? ».

Rachi nous explique que sur le conseil de sa fille Myriam, il revint vivre avec sa femme. Elle lui dit : ton décret est pire que celui de Pharaon. Son décret condamne les garçons ; le tien concerne les garçons et les filles !

De cette union, naquit Moshé Rabénou, le sauveur du Am Israël !

Cette idée revient également avec le Roi ‘Hizkyiaou qui vit par roua’h hakodèsh (inspiration divine) qu’il allait enfanter un fils racha, qui sera un des pires rois idolâtres du peuple juif ! Il décida donc de ne pas enfanter afin d’éviter une telle catastrophe. Jusqu’à que le prophète Yéchayaou le réprimanda en lui disant qu’il n’avait pas à entrer dans de telles considérations divines. Il revint donc vivre avec sa femme et eu le mérite d’enfanter le Roi Yochiyaou, à propos duquel on enseigne qu’aucun autre ne soutenait la comparaison, ni avant lui, ni après lui !

Notre maître le ‘Hafets ‘Haïm tire un grand enseignement de ce passage. Notre rôle sur terre est d’accomplir la volonté divine en accomplissant les mitsvot et en étudiant la Thora, sans prendre en compte aucune autre considération !

Pour illustrer cet enseignement, racontons l’histoire de la Yéchiva de Volojine, qui fut la première grande Yéchiva en Europe. Alors qu’elle fut au summum de sa grandeur, les autorités imposèrent à la direction de la Yéchiva d’enseigner la langue russe une seule heure par jour, en échange de quoi elles lui permettront de continuer à fonctionner. Les rabbanims se réunirent pour décider de l’attitude à adopter. Tous proposèrent de faire la concession d’étudier le russe une heure par jour, arguant qu’une heure par jour n’empièterait pas sur les 14 heures d’étude de la Thora ! Par contre, le Beth HaLevi s’y opposa farouchement, expliquant que notre mission est d’accomplir la volonté divine telle qu’Il l’a demandée, sans bouger d’un iota ! Et même si la Yéchiva venait à fermer, la responsabilité en reviendrait à Hakadosh Baroukh Hou qui dispose de mille et une autres façons de continuer à pérenniser l’enseignement de Sa Thora dans le monde. Il ne fallait donc pas faire de calcul et fermer la Yéchiva !

Ainsi, la Yéchiva ferma ses portes, mais le Beth HaLévi fut visionnaire puisqu’au bout de quelques années, beaucoup d’autres grandes Yéchivot ouvrirent leurs portes et permirent une croissance exponentielle de l’étude de la Thora partout en Europe, qui fut par la suite la base de la résurrection de la Thora en Erets Israël, entamée dès le début du 20ème siècle avec la venue de l’illustre Yéchiva de Slabodka à Hévron, puis à Jérusalem !

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