
La parachat Béhar commence par la mitsva de la Shmita, qui consiste à mettre la terre d’Israël en jachère tous les 7 ans. Le verset indique : “Hashem parla à Moshé au Har Sinaï en disant …“.
Notre maître Rachi commente : « Quelle est le rapport entre la mitsva de Shmita et le Har Sinaï ? Toutes les mitsvot ont été données au Sinaï ! Mais de même que concernant la Shmita, ses principes généraux ainsi que ses détails ont été énoncés au Sinaï, ainsi en est-il pour toutes les mitsvot : leurs lois générales et leurs précisions ont toutes été données au Sinaï. »
Il convient de s’interroger : pourquoi la mitsva de Shmita a-t-elle été choisie, plus que toute autre mitsva, pour enseigner que toutes les mitsvot de la Torah ont été données au Har Sinaï dans leur globalité et leurs détails ? Ce principe aurait pu être enseigné à travers n’importe quelle autre mitsva parmi les 613 !
Il semble qu’on puisse expliquer que la mitsva de Shmita sert de modèle à l’ensemble des lois de la Torah, en ce sens qu’elle montre clairement qu’Hakadosh Baroukh Hou exige même des gens simples (comme les propriétaires de terres et de champs) qu’ils accomplissent la Torah avec une véritable messirout néfesh (dévouement de soi). En effet, cette mitsva s’adresse principalement aux travailleurs de la terre absorbés dans leurs préoccupations de subsistance et d’économie. Et pourtant, Hakadosh Baroukh Hou leur demande un immense sacrifice : rendre leurs champs hefkèr (ouverts et accessibles à tous), abandonner leur source de revenus pendant une année entière, avec pour seul appui leur émouna et leur bita’hon en Hakadosh Baroukh Hou. Le Midrash qualifie de telles personnes : « Giboré koa’h ‘ossé dévaro – les vaillants qui accomplissent Sa parole ».
C’est pourquoi la mitsva de Shmita a été précisément choisie comme exemple pour toutes les autres, pour nous enseigner qu’Hakadosh Baroukh Hou attend même des gens normaux qu’ils observent l’ensemble de la Torah, dans tous ses détails, avec messirout néfesh. Au point qu’il leur est demandé de renoncer à leur gagne-pain, de mettre en péril leur bien-être matériel et celui de leur famille, dans une foi totale qu’Hashem leur pourvoira à tous leurs besoins lorsqu’ils accompliront Sa volonté.
C’est là un enseignement permanent pour toutes les générations : même un simple salarié, un simple ouvrier, comme le travailleur de la terre, est tenu, chaque jour, de réduire le temps consacré à son labeur pour réserver du temps à l’étude de la Torah et à la Avodat Hashem. Il ne pourra prétexter sa simplicité ou sa condition pour s’exempter. Car la mitsva de Shmita nous montre clairement qu’Hakadosh Baroukh Hou exige de tout Juif, même le plus modeste, qu’il accomplisse Ses commandements avec messirout néfesh, et qu’il place sa confiance en Hashem, qui assurera ses besoins. Il ne perdra rien, au contraire, de ce qu’il consacre à la Avodat Hashem.