La paracha de la semaine nous enseigne la mitsva de prélever la ‘Hala de chaque pâte que l’on pétrit, ainsi qu’il est dit : « Vous prélèverez les prémices de votre pâte ». A l’époque du Beth Hamikdash, ce prélèvement était remis au Cohen. La particularité de cette mitsva est qu’on offre la ‘Hala avant même de consommer une quelconque tranche de pain, comme pour montrer que tout vient d’Hachem et que tout Lui appartient, et qu’il est impensable de profiter de Ses bontés sans en reverser une partie au préalable.
A ce sujet, le Rav Galinski Zatsal racontait l’histoire suivante. Avant la première guerre mondiale, deux grands empires s’opposaient : la Russie et l’Allemagne. Le gouvernement russe affaiblissait son économie, veillait à conserver un cours de l’or relativement bas et imposait des taxes élevées sur tout produit importé, ce qui faisait flamber le cours du lin importé d’Europe de l’Ouest.
Un juif sentit le filon : il achetait de l’or en Russie, traversait la frontière, le revendait à prix fort en Allemagne, puis remplissait sa valise de lin et revenait le vendre en Russie également au prix fort.
Un jour, il remplit sa valise d’or et traversa la frontière par la forêt quand soudain, un policier l’arrêta pour un contrôle inopiné. Il lui demanda d’où il venait et où il allait. Il lui répondit qu’il allait visiter sa sœur qui habitait de l’autre côté de la forêt. Le policier étonné, lui demanda pourquoi il ne passait pas par la route comme tout le monde. Il répondit que la nature l’enchantait, avec les oiseaux, le bruit des feuilles, l’air pur … Le policier s’exclama : « Vous avez raison. J’aime également m’y promener. Le seul souci ici est la solitude. Pour corriger cela, nous allons donc faire la route ensemble ». Le juif, terrorisé à l’idée de porter une lourde valise remplie d’or de contrebande sur une longue distance, se montra enchanté, et portait difficilement le poids en silence, sans montrer signe d’une quelconque fatigue. Une fois arrivés à destination, le policier lui ordonna d’ouvrir sa valise ! Découvert, notre homme le supplia de l’épargner mais sans succès : « Tu as fait ton travail, et tu as réussi plusieurs fois, et moi je fais le mien, et c’est moi qui réussi aujourd’hui ! ».
Déboussolé, notre homme lui demanda pourquoi il ne lui avait pas ordonné depuis le début d’ouvrir sa valise. Il lui répondit d’un ton sévère : « je ne suis pas ton porteur !! ».
Ainsi le Rav Galinski explique notre relation avec le Yétsèr Hara (mauvais penchant). Il nous fait croire qu’en transgressant la Thora, nous serons gagnants, mais en fait, nous ne sommes que les « porteurs » du Yétsèr Hara qui se servira à la fin de nos fautes pour nous faire tout perdre.
Il raconte que lorsqu’il avait été déporté en Sibérie, il se trouvait en compagnie des deux frères Ponski, deux notables juifs parmi les plus riches de Kovna. Les communistes avaient saisi tous leurs biens, et les avaient exilés, au seul motif qu’ils étaient riches ! Un des frères dit au Rav qu’il ne pourra jamais pardonner à deux personnes : le Rav de Poniovitch et le Rav de Kovna. En effet, il expliqua qu’ils venaient de temps en temps le visiter pour qu’il fasse un don à la Yéchiva, et aujourd’hui, il ne comprenait pas pourquoi ils ne l’avaient pas menacé d’une arme pour qu’il donne toute sa fortune à la Yéchiva, plutôt qu’elle ne tombe quelques années plus tard entre les mains des communistes !
Quelques années plus tard, une fois arrivé en Erets Israël, le Rav Galinski rencontra le Rav de Poniovitch et lui raconta cette histoire. Il se souvenait en effet de ces deux frères, mais également de leur réponse à ses sollicitations : « Si nous donnons des grandes sommes à la Thora et à la Tsédaka, que nous restera t-il ? » et il leur répondit : « ce que vous donnez, c’est ce qu’il vous restera » et ils ont souri …
Ainsi, nous devons comprendre que la spiritualité (étude de la Thora, pratique des Mitsvot, soutien à la Thora) est l’essentiel et le reste n’est que secondaire. Le secondaire ne doit jamais prendre le dessus sur l’essentiel !