Balak 5785 – n°460

Rav Elhanan Wasserman

Dans la paracha Balak, le roi de Moav engage le prophète Bilam pour maudire le peuple d’Israël. Bien qu’Hashem lui interdise d’y aller, Bilam insiste, espérant malgré tout accomplir cette mission.

Il est écrit : « Je ne peux transgresser l’ordre d’Hashem, mon D.ieu, pour faire ni petit ni grand ».

Notre maître le Rav El’hanan Wasserman relève une subtilité remarquable dans les mots de Bilam. Ce dernier affirme qu’il ne peut transgresser le “pi” d’Hashem, c’est-à-dire la bouche ou l’ordre explicite d’Hashem. Il ne parle pas du “ratson Hashem”, la volonté profonde d’Hashem. Cela signifie que Bilam était certes prêt à respecter ce qu’il ne pouvait contourner, mais il était tout à fait disposé à agir contre la volonté divine lorsqu’il n’y avait pas de défense formelle explicite.

En d’autres termes, Bilam savait parfaitement qu’il était contraire au désir d’Hashem de maudire les Bné Israël. Et pourtant, il insista pour partir malgré tout.

C’est ce qui explique ce que dit la Torah juste après : « La colère divine s’enflamma, car il partait ».
Mais cela peut sembler contradictoire : Hashem ne lui avait-Il pas donné la permission d’y aller quelques versets plus tôt, ainsi qu’il est écrit dans la Thora : « Si ces hommes sont venus t’appeler, lève-toi et va avec eux, mais ce que Je te dirai, tu feras ».

En réalité, comme l’explique Rav El’hanan (et de manière similaire le Sefer ‘Hassidim), il faut distinguer entre le daat, la volonté profonde d’Hashem, et le dibour, la parole ou ordre explicite. Hashem avait certes donné la permission, mais Il n’approuvait pas du tout l’intention de Bilam. La colère divine éclata donc non pas parce que Bilam transgressa un ordre, mais parce qu’il alla contre la volonté du Créateur — une faute bien plus subtile mais plus révélatrice encore de sa corruption spirituelle.

Cela révèle la nature profonde de Bilam : bien qu’il connaissait la pensée divine — yodea‘ da‘at ‘Elyon — cela ne le rapprochait pas d’Hashem. Il n’obéissait que contraint, uniquement lorsqu’il n’avait pas d’autre choix. Comme un serviteur qui ne respecte les ordres de son maître que sous la pression, sans aucun amour ni engagement personnel.

À l’inverse, le peuple d’Israël est appelé les enfants d’Hashem. Nous ne servons pas Hashem par obligation ou par contrainte, mais par amour, comme un fils qui cherche à faire la volonté de son père même lorsqu’il ne s’agit pas d’un ordre explicite. Nous aspirons à créer du na‘hat roua’h — de la satisfaction — pour notre Père céleste, en accomplissant non seulement Ses mitsvot, mais aussi Sa volonté, dans l’esprit et dans la lettre.

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