
La paracha nous raconte la rencontre d’Avraham Avinou avec les trois anges trois jours après sa Brit Mila. La Thora nous apprend qu’il leur prépara un repas festif, notamment un veau.
Rachi explique qu’il en prépara plusieurs mais dès qu’il en préparait un, il le servait aussitôt.
Autrement dit, chaque mets qu’Avraham Avinou préparait pour ses invités, il leur servait immédiatement, sans attendre que toute la table soit prête pour leur présenter le repas complet.
Mais il faut comprendre : quel est le sens profond de ce détail ? Pourquoi la Torah insiste-t-elle pour nous enseigner qu’Avraham servait chaque plat dès qu’il était prêt ?
Rabbi Moshé Shneider, le Roch Yeshiva de Londres pendant la guerre, rapportait un enseignement remarquable au sujet du ‘Hafets ‘Haïm.
Lorsque des invités pauvres se joignaient à lui pour le repas du Shabbat, le ‘Hafets ‘Haïm ne chantait pas le « Chalom Aleikhem » avant de faire Hamotsi. Pourquoi ?
Parce qu’il craignait que les invités, affamés, attendent inutilement pendant qu’on chante. Chaque instant où il les faisait patienter avant de leur donner à manger représentait, selon lui, une transgression du commandement de « bal téa’her » — ne pas retarder une mitsva, ici celle de nourrir les nécessiteux.
De même que la Guémara enseigne que si un pauvre se tient devant toi et que tu tardes à lui donner la tsedaka, tu enfreins déjà l’interdiction de bal téa’her — tu tardes à accomplir ta promesse.
Ainsi, le ‘Hafets ‘Haïm préférait d’abord faire Hamotsi et servir ses hôtes, puis chanter Chalom Aleikhem ensuite.
C’est dans ce même esprit qu’Avraham Avinou agit. Il craignait que s’il retardait ne serait-ce que de quelques instants le service du plat déjà prêt, il retarde la satisfaction de ses invités, ce qui serait comme manquer à son devoir d’hospitalité.
Et selon cette explication, on comprend mieux encore ce qui est écrit plus haut dans la Thora : « Il courut à leur rencontre ».
Bien sûr, la raison première de sa course était son empressement à accomplir la mitsva d’hospitalité.
Mais en plus, Avraham craignait que ses visiteurs soient affamés — or, retarder ne serait-ce qu’un instant leur repas, c’était retarder l’accomplissement d’une mitsva envers eux.
Il courut donc à leur rencontre, animé par ce sens aigu du devoir et de la générosité, pour ne pas transgresser le issour de bal téa’her même dans le domaine de la bienfaisance.
Nous apprenons de cet épisode l’importance d’accomplir les mitsvot avec un empressement particulier, encore plus lorsqu’il s’agit de mitsvot envers notre prochain !