
La parachat Kédoshim commence par l’ordre d’être saint : « Parle à toute l’assemblée d’Israël et dis-leur : קדושים תיהיו – Kédoshim tihyou — vous serez saints ».
Notre maître Rashi commente : « “Parle à toute l’assemblée d’Israël” — cela enseigne que cette parasha fut prononcée en assemblée publique ».
Pourquoi cet ordre a-t-il été donné devant tout le peuple réuni ?
Le Rav Moshé Shternboukh explique qu’il était nécessaire d’enseigner que la kédousha ne consiste pas à se retirer de la vie de communauté pour vivre en isolement ou en ascèse. La kédousha signifie vivre pour Hashem et accomplir ses mitsvot. On retrouve cette idée dans la parasha des tsitsit (Bamidbar 15, 40) : « Afin que vous vous souveniez et que vous accomplissiez toutes Mes mitsvot, et que vous soyez saints pour votre D.ieu ». Chaque mitsva accomplie sanctifie davantage la personne. C’est dans le même esprit que nous disons dans les bénédictions : « … asher kidéshanou bémitsvotav vétsivanou – qui nous as sanctifiés par Ses mitsvot et nous as ordonné [d’accomplir telle mitsva] », car la kédousha vient par l’accomplissement des mitsvot. Plus l’homme ne vit que selon la volonté d’Hashem, se demandant à chaque instant : « Qu’est ce qu’Hakadosh Baroukh Hou attend de moi à présent ? » et agit en conséquence, plus il remet sa vie au service d’Hashem, plus il se sanctifie.
C’est pourquoi cette parasha fut dite en public, devant tout le peuple réuni, pour enseigner que la kédousha est à la portée de celui qui vit au milieu de la communauté, pourvu qu’il vive pour Hashem. Heureux sommes-nous qu’Hakadosh Baroukh Hou nous ait donné tant de Torah et de mitsvot : elles nous offrent d’innombrables occasions, tout au long du jour, de nous sanctifier par leur accomplissement.
On peut ajouter, dans le même sens, que cette mitsva ne s’adresse pas seulement à quelques tsadikim extraordinaires, mais à chacun sans exception. Même un Juif qui travaille pour sa parnassa peut et se doit d’être « kadosh » s’il fait ses affaires selon la Torah, limite son commerce de sorte que l’essentiel de son occupation reste la Torah et la Avodat Hashem ; s’il dirige son intention, avant chaque mitsva, « pour donner satisfaction à son Créateur », il se sanctifie davantage, car sa vie est menée selon la volonté d’Hashem et non selon ses propres désirs. Ainsi, la mitsva de kédousha concerne chaque membre d’Israël, et non les seuls « saints » de chaque génération.
Les goyim s’imaginent que la « sainteté » consiste à fuir ce monde et n’appellent « saints » que quelques individus retirés dans un monastère, totalement coupés des affaires matérielles, tandis que le reste du peuple est plongé dans les plaisirs de la vie sans aucune part de kédousha . À l’inverse, chez le Am Israël, la kédousha ne signifie pas se détacher du monde, mais, au contraire, vivre dans ce monde avec ses besoins matériels tout en se tenant à distance des fautes et des unions interdites, en dirigeant toute son existence vers le Créateur. Les choses matérielles deviennent alors, pour lui, un moyen de réaliser la volonté d’Hashem.