Vaét’hanane 5785 – n°464

Cette semaine, nous lisons la paracha Vaet’hanan ce Shabbat s’appelle le Shabbat Na’hamou, au nom de la haftara que nous lisons : « נחמו נחמו עמי – Consolez, consolez Mon peuple ».

Mais une question se pose immédiatement : qu’est-ce qui a changé depuis le Shabbat dernier, celui de la hatfara de ‘Hazon Yeshayaou, où nous lisions les sombres prophéties sur la destruction du Temple ?
Le Temple n’a pas encore été reconstruit, la guéoula n’est pas encore là… Alors pourquoi parlons-nous déjà de consolation ?

La Guemara dans Berakhot (10a) rapporte que le roi David a écrit le Tehilim suivant : « מִזְמוֹר לְדָוִד, בְּבָרְחוֹ מִפְּנֵי אַבְשָׁלוֹם בְּנוֹ Psaume de David, lorsqu’il fuyait devant son fils Avshalom ».
Et la Guemara s’interroge : pourquoi David utilise-t-il le terme “mizmor” – un psaume, un chant – alors que le terme “kina” – lamentation – aurait semblé bien plus approprié dans un contexte aussi tragique ?

Et la réponse donnée est d’une grande subtilité :
Il y a une différence fondamentale entre être poursuivi par un ennemi ou frappé par un malheur naturel, et être poursuivi par son propre fils.
Lorsqu’une épreuve vient de l’extérieur, d’un ennemi ou d’un événement naturel, on peut y voir le hasard, la cruauté du monde, ou même un sentiment d’abandon divin.
Mais lorsqu’elle vient de l’intérieur, de sa propre maison, de son propre fils, la douleur est bien plus intime, plus déchirante — et pourtant elle révèle aussi un lien particulier avec Hashem.
David comprend que même dans cette trahison, il y a un sens, une volonté divine à l’œuvre. Ce n’est pas une souffrance aveugle : elle a une origine spirituelle, une profondeur.

Et c’est cette conscience qui transforme la kina en mizmor.
Ce n’est pas un chant de joie, mais un chant de compréhension, de lucidité dans la douleur, presque de consolation intérieure.

De la même manière, à Shabbat Na’hamou, nous sommes encore dans l’exil, mais le fait qu’Hashem s’adresse à nous, qu’Il nous dise « Consolez Mon peuple », signifie déjà qu’Il ne nous a pas abandonnés.
La consolation commence avant même le changement visible.
Elle commence lorsqu’on réalise que même dans l’épreuve, Hakadosh Baroukh Hou est encore là, Il parle, Il entend, Il aime.
Et cette parole divine est déjà une lumière dans l’obscurité, un début de guérison.

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