Vayétsé 5786 – n°472

La paracha nous enseigne que Yaakov Avinou s’assoupit en chemin, puis « Yaakov s’éveilla de son sommeil et dit : “En vérité, Hashem est en ce lieu, et moi, je ne le savais pas ! ».
Notre maître Rachi commente : « Car si je l’avais su, je n’aurais pas dormi dans un endroit aussi saint ».

Notre maître le Rav de Brisk s’émerveillait de ce verset! En effet, Yaakov Avinou se trouvait dans un danger immense. Il fuyait Essav qui voulait le tuer. Il se dirigeait vers Lavan, qui, lui aussi, n’était pas sans danger spirituel. En chemin, Élifaz l’avait dépouillé de tous ses biens.
Dans une telle situation, lorsqu’il reçoit en rêve une promesse directe d’Hakadosh Baroukh Hou — « Je te protégerai partout où tu iras » — il aurait dû ressentir une joie infinie, une délivrance immense.

Et pourtant, lorsque Yaakov se réveilla et réalisa qu’il avait dormi dans un lieu où il était interdit de dormir — le Mont Moriah, futur emplacement du Bet Hamikdash — il ne pensa même pas à la promesse divine qu’il venait de recevoir, mais il s’affligea : « Si seulement j’avais su, je n’aurais pas dormi ! »

Cela signifie que pour Yaakov, mieux aurait valu perdre toutes les bénédictions extraordinaires reçues dans ce rêve, du moment qu’il n’aurait pas transgressé un seul interdit.

Car lorsqu’il y a une faute, même minime, tout le reste ne vaut plus rien.

Le Rav en tirait une grande leçon : la Torah n’est pas un domaine où l’on fait des calculs de “perte et profit spirituel”. On ne “marchande” pas les mitsvot. On ne transgresse pas une loi pour en accomplir dix autres. Notre devoir est d’accomplir la Torah telle quelle — sans compromis, sans calculs, sans stratégie.

Il ajoutait que cela est clairement exprimé dans la Tossefta qui enseigne que si des non-Juifs menacent un groupe d’hommes en disant : « Livrez-nous l’un d’entre vous pour que nous le mettions à mort, sinon nous vous tuerons tous », alors la halakha est « Qu’ils soient tous tués plutôt que de livrer une seule âme d’Israël. ». Car si nous étions autorisés à traiter la Torah comme un “commerce”, nous aurions dit : « Mieux vaut qu’un seul meure pour sauver tous les autres ». Mais la Torah l’interdit formellement : livrer un innocent est un acte de meurtre.

Ainsi, même lorsqu’il semble “logique” ou “utile” de transgresser un commandement pour en préserver d’autres, la Torah dit non. On doit être prêt à donner sa vie pour ne pas franchir une interdiction.

C’est cela que Yaakov nous enseigne avec force : la grandeur spirituelle n’est pas dans les calculs, mais dans la fidélité absolue à la parole d’Hashem.

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